Pourquoi utiliser un savon naturel artisanal et bio ?
Le savon naturel artisanal et bio a le vent en poupe depuis quelques années. Paradoxalement, c’est au moment où la science a fait un énorme bond en avant en matière de cosmétiques que les gens reviennent vers des produits plus naturels. Plus qu’une lubie, une nostalgie passagère ou une mode, ce retour en arrière marque une prise de conscience profonde des dangers des produits chimiques dans les savons actuels que l’on trouve en grande surface par exemple…
Savon naturel : une urgence sanitaire ?
Les substances qui composent un savon classique, qu’il soit pour la peau ou pour les cheveux (gel douche, shampoing) sont de plus en plus nombreuses et au centre de controverses.
Des savons industriels au pétrole
Les savons industriels contiennent en effet une foule d’ingrédients au nom barbare pour la ménagère de moins de cinquante ans, tant et si bien que peu de monde y prête attention, par négligence, habitude, et surtout par méconnaissance et manipulation de la grande distribution et des industriels.
Les composants de la petite savonnette que l’on connaît tous sont pour beaucoup issus de la transformation du pétrole ou du goudron et ils sont hautement toxiques. Rassurez-vous, vous n’allez mourir en prenant votre douche, le procédé étant bien plus insidieux et complexe que cela même si ces savons sont bourrés de détergents. Qui a dit démangeaisons et irritations cutanées ?
Les sulfates, silicones, et autres colorants sont en réalité en quantité minime, et les dégâts sont surtout observables sur la peau sur la durée. Tout au plus, vous pourriez faire une allergie à certains savons trop agressifs, et dans ce cas on pourrait dire que c’est un mal pour un bien qui vous conduira à considérer sérieusement la question du savon naturel sans produit chimique.
Une peau sèche et agressée
A titre d’exemple, les conservateurs utilisés dans le savon comme le paraben et ses dérivés sont potentiellement cancérigènes si on se lave avec ce type de produits au quotidien. Ils ont certes la faculté de tuer les champignons grâce à leur côté antibactérien, mais ils agressent littéralement la peau et les couches de l’épiderme. Allergisants et perturbateurs endocriniens, il vaut mieux les éviter.
C’est également le cas des sulfates qui servent d’agents moussants. Ils moussent tellement bien qu’ils lavent de façon assez spéciale dira-t-on. Leur chimie particulièrement dégraissante assèche la peau de manière significative et détruit sa barrière naturelle la rendant encore plus fragile et vulnérable qu’avant le lavage.
Des savons qui moussent au détriment de la santé
De même, est à proscrire tout ce qui ressemble de près ou de loin aux ethers de glycol comme le phénoxyéthanol, ou encore l’EDTA (Éthylene-Diamino-Tetra-Acetate). Ce dernier est souvent associé à un autre terme (Tetrasodium par exemple), et on le retrouve sur les étiquettes de savons qui pourtant indiquent « testé dermatologiquement » avec des publicités flatteuses de dames prenant un bain avec une peau rayonnante de santé. Les fameux pains de toilette, ça vous parle ? Qu’on ne s’y trompe pas, l’EDTA Tetrasodium, même en quantité acceptable pour le législateur, est un vrai poison pour la peau, et pour les yeux, avec des lésions importantes en cas d’exposition prolongée.
C’est un agent irritant toxique qui sert à faire mousser la aussi. Si un jour, votre eau du robinet fait des bulles ne soyez pas surpris. Au delà de la boutade, c’est un élément non biodégradable qui peut potentiellement contaminer notre eau potable puisqu’il n’est pas biodégradable, polluant ainsi les rivières et lacs dans lesquels il est rejetés puisque les stations d’épuration ne peuvent pas l’éliminer.
Et comme ses molécules ont le précieux « avantage » de capter les métaux lourds et de les retenir dans le savon, on vous laisse imaginer le résultat quand ce produit finit dans notre environnement…Outre le fait que les flacons en plastiques de savons n’ont rien de très écologique, les substances qui composent ces produits toxiques à long terme sont un vrai danger sanitaire malgré des normes de plus en plus élaborées. Il ne suffit en effet pas d’opter pour un cosmétique, un savon solide, un shampoing, ou un gel douche sans parabène (l’argument marketing du siècle) pour résoudre à la fois les problèmes liés à l’environnement et pour avoir une peau en bonne santé.
Attention à la composition des savons
En général, et c’est le conseil que nous vous donnerions, quand la liste de composés pour fabriquer votre savon ou votre gel douche est longue comme le bras avec trop de termes techniques à rallonges et à consonances chimique, passez votre chemin. Pas besoin d’avoir un doctorat en chimie pour se rendre compte que la composition d’un savon devrait tenir en 4 ou 5 ingrédients, et non en une flopée de substances au patronyme douteux. Il y a forcément anguille sous roche même si les normes sanitaires sont respectées et que la marque a bonne presse, avec en prime le superbe packaging coloré qui va bien. Ah, le marketing….
Un autre argument de vente, outre les couleurs et les parfums qui vous donneront l’impression de ne plus prendre une douche ou bain mais de faire une séance de mixologie marine, le fameux pH neutre.
Les ingrédients d’un savon naturel
Un savon est composé d’un corps gras, d’eau, d’hydroxyde de sodium, et d’agents parfumants et/ou colorants.
- Le corps gras : Il donne la texture (onctueuse, dure, douce, mousse…)
- L’eau : Elle permet de diluer la soude
- L’hydroxyde de sodium (ou soude) : Il sert à transformer les huiles. Précisons qu’au terme de la fabrication, il ne reste plus de soude caustique dans le savon puisqu’elle a été intégralement transformée par réaction avec les huiles.
- Les agents : Ils colorent et parfument. Dans le cas de savons naturels bio, on utilise des huiles et beurres.
Savons au pH neutre, oui…ou pas !
Pendant très longtemps, le pH des savons était dit « basique » ou « alcalin » (donc supérieur à 7), jusqu’à ce que les savonniers industriels s’emparent du marché de la beauté et décrètent unanimement que le pH neutre (donc =7) était la panacée absolue.
Cela est vrai, mais dans une certaine mesure. En effet, si préserver le pH acide de la peau est important pour qu’elle conserve toutes ses barrières naturelles, certaines zones du corps peuvent mal réagir.
La toilette intime pourra en effet être réalisée avec un savon au pH alcalin (supérieur à 7) pour éviter les mycoses et la formation de champignons, et à plus forte raison en cas d’infection. Les savons solides qui correspondent à ce critère sont le savon d’Alep ou le savon de Marseille par exemple.
Donc le pH neutre, oui, mais pas forcément systématiquement.
La peau a un pH acide et elle supportera davantage d’être confronté à un savon de pH de 9 ou 10, qui la protègera et ne l’agressera pas. Le pH alcalin est d’ailleurs conseillé pour la toilette intime des hommes comme des femmes et à plus fortes raisons en cas de mycose. De tels savons sont en effet antiseptiques , et c’est le cas de tous les savons naturels bio.
Le savon d’Alep est alcalin, comme le savon de Marseille, et ils préviennent la formation des champignons par exemple, ces derniers étant susceptible de se développer dans un milieu acide.
Il conviendra de préférence d’opter pour des savons naturels bio et il en existe de nombreuses sortes, par exemple le savon au lait d’ânesse, suivant l’usage que vous en avez et vos préférences.
Un savon naturel surgras bio…sinon rien !
Un savon naturel surgras est un savon hydratant qui contient des agents nutritifs. Ces derniers peuvent être des huiles végétales comme l’huile d’amande douce, des beurres végétaux comme le beurre de karité, ou encore de la glycérine qui ont des propriétés surgraissantes.
Les bienfaits du savon naturel surgras
Utiliser ce genre de savon doux pour se laver permet de ne pas avoir la peau desséchée contrairement à d’autres savons plus classiques, et ils servent à maintenir le film hydrolipidique de la peau. Cette enveloppe de protection sert à garder une peau souple, hydratée, qui ne tiraille pas, et en bonne santé, la protégeant naturellement contre le vieillissement prématuré.
Le savon naturel surgras hydrate en profondeur et empêche l’évaporation de l’eau par les pores de la peau afin de garder une peau toujours douce.
Choisir un savon surgras si on a la peau sensible et sèche ou si l’on souffre de psoriasis ou d’eczema est une excellente idée pour remédier au problème ou en tous cas ne pas l’aggraver avec des savons détergents.
Notez que le savon surgras présente un autre avantage non négligeable, il s’utilise sur n’importe quelle partie du corps. Les personnes souffrant de fragilités pourront ainsi s’en servir pour faire leur toilette intime sans problème sans risque de mycose.
Savon naturel et saponification
Les technique de fabrication des savons industriels et des savons bio ne sont pas les même puisque la saponification n’est pas réalisée de la même façon.
Qu’est-ce que la saponification ?
C’est une réaction chimique dont le principe est d’hydrolyser un ester en un ion carboxylate et un alcool grâce à l’action d’une base forte.
Un savon est le résultat d’une saponification qui s’opère à froid ou à chaud.
La saponification à froid
C’est ce procédé qui est utilisé en principe par toute savonnerie artisanale. On obtient un « savon à froid » en réalisant la synthèse des molécules utilisées, notamment celles des huiles végétales, à 40 ou 50°C. C’est par cette méthode que les propriétés des composants naturels sont préservées, et notamment celles de la glycérine, l’agent surgras par excellence.
La saponification à chaud
L’opération est réalisée à haute température et les grandes marques optent pour cette façon de fabriquer leurs savons pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les réactions chimiques sont plus rapides donc elles permettent d’augmenter les cadences de production, mais la qualité du produit s’en ressent à l’arrivée.
Dans bien des cas, le corps gras utilisé n’est pas bio ou inoffensif puisque c’est l’huile de palme qui joue ce rôle. La glycérine est en outre neutralisée durant le process afin de ne pas boucher les conduits des machines industrielles utilisées. Elle est rajoutée en très petite quantité à la fin du processus de fabrication.
L’agent hydratant qui justifie le nom de « savon surgras » est alors l’huile d’amande douce et le beurre de karité assez souvent mais en quantité 5 à 10 fois moins importante que dans les savons artisanaux bio. Légalement, l’appellation est en effet juste, mais d’un point de vue éthique et de la qualité globale, on est en revanche loin du compte et de la promesse affichée par le produit…
Des alternatives à l’huile de palme
Le débat est toujours vivace autour de l’huile de palme et de ses dangers, mais qu’elle soit réellement dangereuse ou pas, elle est très présente dans les savons des supermarchés.
C’est une huile végétale qui résiste très bien aux hautes températures (donc à la saponification à chaud) et qui permet au savon de mousser et d’être bien dur histoire de ne pas fondre trop vite au contact de l’eau.
Nombre de fabricants de savons saponifiés à froid donc artisanaux utilisent toutefois de l’huile d’avocat, d’argan, de baobab, ou alors du beurre de karité ou de cacao pour conférer à leurs produits des caractéristiques semblables. Ils restent alors dans une forme de cohérence éco-responsable afin de ne pas participer à la déforestation en bande organisée s’opérant depuis trop longtemps par les lobbies industriels…